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Les mots de réconfort ont un réel pouvoir

Les mots de réconfort ont un réel pouvoir

Aux yeux de cette enfant je n’étais pas qu’Alain Dumas, j’étais un confident dont elle avait grandement besoin, j’étais une oreille dans sa solitude, une petite mais réelle lumière dans sa noirceur.

Les mots de réconfort ont un réel pouvoir lorsque ceux qui les dictent sont des êtres qui nous inspirent.

 

Ces jours-ci, à travers les répétitions en vue de mes prochains shows et de mes tâches quotidiennes, j’ai toujours le bonheur de rester en contact et de rencontrer plusieurs enfants malades et leurs familles. Des gens pour qui, le temps que je leur donne est reçu comme une onde positive, un sourire réconfortant et quelques fois, comme une éclaircie à travers un passage nuageux.

 

Dernièrement j’ai subi une opération et à travers les nombreux mots de réconfort reçu, il y avait ceux de mon cousin Vincent.

De 5 ans mon cadet, il fut un être que j’ai toujours aimé. Au départ j’étais comme son grand frère, mais rapidement il n’y avait pas de différence d’âge, il n’y avait que de la complicité. Il était mon premier fan pour mes pitreries et son rire qui résonnait était bon à entendre. Né d’un papa québécois (le frère de mon père) et d’une mère française, le divorce de ces derniers l’amena à aller vivre dans l’Hexagone. Mais nous avons toujours gardé le contact. 

 

Récemment lorsque j’ai été hospitalisé, et que je divulguais sur les réseaux socio mon désir de me remettre sur pied rapidement, Vincent m’a écrit; « Hey cousin, ne va pas trop vite, prends le temps de ta récupération, c'est important! Notre corps va moins vite que notre volonté, et je sais que chez toi, cette dernière est grande en « tabarouette » comme on dit au Québec. !!! Gros becs cousin!! »

 

A la lecture de ses mots…j’ai ressenti quelque chose comme jamais auparavant. J’ai eu comme l’impression que « mon frère » m’écrivait…Encore présentement, alors que j’écris ces lignes je suis ému par cette sensation. Comme si une bouteille jetée à la mer de mon enfance, refaisait surface. En cette journée glaciale, alors que le soleil fait briller la glace sur le lac, j’ai envie de remercier la vie pour ce cadeau que je n’attendais pas mais que j’ai longtemps souhaité en secret dans mes rêves d’enfant.

 

Les mots que mon cousin a utilisés n’ont pas la même valeur que s’ils avaient été prononcés par quelqu’un qui n’a pas la même importance à mes yeux.

 

Je prends de plus en plus conscience de la responsabilité qui incombe à tous ceux qui veulent réconforter, qui veulent tenter d’inspirer les autres… Selon moi, toute personne qui réconforte et qui inspire bénéficie de cette richesse, mais cet avantage de la vie ne va pas sans une responsabilité. 

 

Les parents d’enfants malades doivent affronter des tempêtes et ce type de déchirement est clairement compréhensible. L’incompréhension et l’insoutenable sentiment d’impuissance vécu par ces derniers doit trouver une voie.

 

Je suis grandement et profondément inspiré par les combats que mènent ces enfants et leurs familles face à la maladie. Puis comme je suis issu du milieu artistique et que je bénéficie d’une certaine visibilité, je deviens une source d’inspiration pour plusieurs jeunes aux prises avec une santé précaire.

 

La personne inspirante qui entre dans la vie d’un enfant malade et qui se sait admiré et stimulante pour l’enfant doit reconnaitre son rôle et sa responsabilité. En 28 ans de relation avec les enfants malades et leurs familles, j’ai toujours (du moins je l’espère) tenter de bien respecter cette « lois non écrite » de la relation d’aide.

 

Je me souviens d’Hélène, une jeune atteinte de Leucémie, avec qui je m’étais lié d’amitié en 2001, et que j’allais visiter en salle d’isolement au CHU Ste-Justine alors qu’elle recevait d’éprouvants traitements de chimiothérapie. Elle me racontait qu’elle était « une fan » de Flash (que je co-animais avec Patricia Paquin tous les soirs à TQS) et ma présence semblait la réconforter. Un jour elle m’avait remis un dessin pour mon anniversaire en disant; « tiens, ce sera pour toi un porte-bonheur ».

 

Je la réconfortais, la faisais rire et pour moi elle était une inspiration.

Hélène est décédée, mais toute ma vie je me souviendrai ce que sa maman m’avait dit au cimetière « tu sais Alain, il y a des choses qu’Hélène ne disait qu’à toi ».

 

Aux yeux de cette enfant je n’étais pas qu’Alain Dumas, j’étais un confident dont elle avait grandement besoin, j’étais une oreille dans sa solitude, une petite mais réelle lumière dans sa noirceur. Alors s’il y a une chose dont on se doit d’être « humainement reconnaissant » c’est de cette chance que nous offre la vie, de pouvoir jouer ce rôle de « personne inspirante » et de le faire dans le plus grand des respects.

 

Alain Dumas

Mots clés: alain dumas

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